En établissant mon atelier et studio de photographie de portrait dans la région rurale de Portneuf en 2009, je constate une immense fenêtre d’explorations et d’inspirations nouvelles sur un tout nouveau territoire. Lors des séances de portraits photographiques commandées par des clients, la trace d’un moment précis de la vie d’un individu se fixe. Elle témoigne également de notre rencontre et notre connectivité. Grâce à ces dernières, j’explore les thèmes du passage du temps, mon rapport à la vie et la mort au travers de mon corps. Je m’intéresse aux zones de flou et aux limites du territoire qui sépare ce qui moi et ce qui est l’autre.
Mon corps et ma pensée suivent les mouvements perpétuels autour de moi ; du lieu où j’habite, et de ses occupants. Je scrute mon environnement au quotidien avec reconnaissance et humilité. Je laisse ma propre trace en scrutant les racoins des villages tout en tentant de découvrir ses histoires cachées. Je ne connais pas tous les secrets du passé, mais je comprends tranquillement où je suis et je fais face à un besoin de m’adapter et de m’infiltrer doucement dans un endroit que je découvre au fils du temps. Je respire au rythme des eaux du fleuve et des rivières, des sentiers et de la grève à son calme sauvage. Ces pèlerinages et parcours définissent mon rythme intérieur et teinte mon imaginaire créatif.
La flore et la faune m’attire, et j’observe leur évolution, les traces et les indices de leur existence ; comment ils évoluent dans un territoire. Je conserve de petites trouvailles (ossements, plumes, cailloux, bois, artéfacts historiques, etc) que j’accumule dans mes cabinets de curiosités. J’observe au quotidien les traces d’animaux, l’évolution des plantes, la météo, les courants et les marées. Je suis intéressée à mettre en relief l’imperfection, le vieillissement, la décrépitude, les mouvements et le temps. Ces phénomènes patinent et redéfinissent tout ce qui nous entoure et imposent des imperfections et des changements, l’érosion des lieux ; ils imposent une adaptation et des êtres vivants et une évolution de notre culture et nos manières de vivre.
L’habitant, l’évolution de son être et de son territoire me fascinent. Venant d’ailleurs, la communauté me découvre à l’occasion ponctuellement de certaines rencontres entre l’artiste et le citoyen. Ceci ouvre une porte et un mélange des idées et des visions qui nous permettent de vivre ensemble et partager une expérience avec l’art démocratisé. Cette stratégie détournée d’initier un échange invite l’autre de manière ludique à partager une réflexion et un regard sur nos habitudes de consommation, notre rapport à l’environnement et à l’autre.
Que ce soit sous la forme d’une série de photos, d’une installation, d’un livre d’artiste ou d’une manifestation créative quelconque, mes œuvres témoignent de ma quête de mieux comprendre l’autre, qui je suis et je deviens.
Pour voir mon travail de commandes de portraits:
www.facebook.com/daniellegiguere.photographe